L'histoire du bâtiment de ligne Jean Bart

Mis sur cale en janvier 1939 aux chantiers de la Loire de Saint-Nazaire, le bâtiment n'est pas encore à flot lors de la déclaration de guerre en septembre.

1940

La mise à flot du Jean Bart a lieu le 6 mars dans le plus grand secret, seules quelques personnalités de la Marine et des chantiers assistent à l'opération. En raison des évènements militaires de mai 1940 qui prennent l'allure d'une catastrophe, l'Etat-Major de la Marine décide d'accélérer les travaux concernant le cuirassé, ainsi que ceux de la tranchée dans laquelle il passera pour gagner le fleuve puis la haute mer.

Dans la nuit du 18 au 19 juin, les remorqueurs Minotaure, Ursus et Titan de la Compagnie Générale Transatlantique réussissent à tirer le cuirassé à travers un chenal sans repaire et par nuit noire, pour le conduire vers la mer libre. Bien qu'échoué par deux fois, le Jean Bart est sorti de cette mauvaise position par ses remorqueurs.

A 4h45, les machines du cuirassé sont mises en route pour la première fois. Au même moment trois bombardiers allemands surgissent et passent à l'attaque, l'un deux place une bombe entre les deux tourelles principales où elle occasionne peu de dégâts. Le cuirassé avance à 12 noeuds pour sortir de l'estuaire de la Loire.

A 6h15, il est en mer et rencontre son escorte composée des torpilleurs Le Hardi et Mameluk. Les Britanniques ont envoyé le destroyer Vanquisher et deux gros remorqueurs pour conduire le Jean Bart en Grande Bretagne. Le commandant Ronarc'h décline bien sûr cette offre. Après avoir gagné le large, le cuirassé stoppe pour se ravitailler en mazout, huile et eau, à partir des pétroliers Odet et Tarn. A 18h le Jean Bart reprend sa route en direction de Casablanca. L'Epée se joindra à l'escorte par la suite.

Divers incidents mécaniques se produisent au cours de la traversée, mais ceux-ci sont toujours surmontés. Le cuirassé mouille en rade à Casablanca, le 22 juin à 17h.

Dans le but de renforcer la défense contre avions de Casablanca, les deux affûts doubles de 90 mm et les affûts doubles de 37 mm sont prélevés sur le cuirassé le 24 juin. Les attaques britanniques de Juillet, contre Mers el-Kébir et Dakar, inquiètent sérieusement le commandant du Jean Bart. Un certain nombre de mesures de sécurité sont prises pour protéger le cuirassé :

  • Les béances des tourelles inachevées sont bétonnées.
  • Les trois quarts des compartiments vides sont interdits et fermés en permanence.

Après plusieurs démarches, le commandant Ronarc'h parvient à obtenir le 11 août, l'autorisation d'amarrer le Jean Bart dans le port le long du quai Delande. En cas d'attaque, cette mesure est destinée à lui éviter d' être coulé dans un plan d'eau trop profond. Malgré les moyens réduits du port de Casablanca, l'équipage, aidé par les ingénieurs des constructions navales, essaie tant bien que mal de mettre le cuirassé en état de combattre.


Eclat d'obus de 406 mm tiré par le cuirassé USS Massachussets sur le Jean Bart le 8 novembre 1942.

1941-1942

Les travaux de renforcement de l'armement, entrepris précédemment, se poursuivent activement tout en faisant porter l'essentiel des efforts sur l'achèvement et la mise en service de la tourelle 1.

Le 18 mai 1942, le Jean Bart est remorqué du quai Delande à la jetée Delure pour effectuer le lendemain un tir d'essai avec ses quatre canons de 380. Le cuirassé tire quatre coups d'épreuve à charge E.3 puis vingt quatre à charge E.1. Les essais sont qualifiés de satisfaisants. Le jour même, le bâtiment regagne son mouillage primitif.

Le 8 novembre 1942, le Jean Bart est attaqué pendant l'opération anglo-américaine" Torch ", dont l'objectif principal est la conquête de l'Afrique du Nord.

A 7h18, les bombardiers du porte-avions américain Ranger pilonnent le cuirassé, une bombe tombe sur le fût de la catapulte bâbord, provoquant un incendie peu important et une voie d'eau dans le compartiment de la barre à bras. Une deuxième bombe touche le quai à tribord puis fait une grosse brèche dans le bulge à hauteur de la tranche M.

Le cuirassé USS Massachussets prend le relais à 7h 35. Une salve tombe près de l'étrave, une minute plus tard un obus de 406 mm frappe le quai qui s'effondre. Les pierres projetées par l'explosion blessent les servants des canons de 90 et occasionnent une voie d'eau dans les tranches B et C.


Le bâtiment de ligne Jean Bart à quai à Casablanca après l'attaque américaine (novembre 1942 - Photo collection Philippe Salles ).

A 8h 06, la tourelle 1 est frappée à bâbord par un obus de 406 qui enlève le canon de 90 pour tirs réduits et bloque la tourelle. Il faut l'intervention d'ouvriers d'une entreprise privée, munis de chalumeaux, pour rendre disponible la tourelle qui est en mesure de reprendre son tir à 17h 24. Un second obus de cette même salve écorche le cuirassement fixe de la tourelle n°2 à tribord, se brise sans éclater, son culot traverse plusieurs compartiments et tue le commandant en second (CC Quéré).

Vers 8h 10, un dernier obus de 406 tombe sur la plage arrière, en avant de la catapulte tribord, traverse tous les ponts blindés et éclate dans le compartiment du lest liquide, provoquant ainsi le noyage du compartiment des barres à bras et électrique. Les tirs du Jean Bart sont gênés, toute la journée, par les évolutions de la Deuxième Escadre dont les fumées obscurcissent l'horizon. Pour ralentir la progression des troupes ennemies, le cuirassé tire le 9 novembre sur les routes d'Oukacha et d'Aïn El Harrouda.

Le lendemain, il ouvre le feu à 11h 41 sur le croiseur lourd américain Augusta qui est plusieurs fois encadré de très près. Cette manifestation du Jean Bart est une surprise pour les Américains, ils croyaient le bâtiment hors de combat dès le 8 novembre. Pour faire taire définitivement le bateau peint en jaune, l'U.S. Navy monte une attaque aérienne avec huit bombardiers du porte-avions Ranger équipés de bombes de 500 kg.

A 14h 58, le Jean Bart est touché par deux bombes. La première tombe près du guindeau, soulève la plage avant et provoque un incendie. La seconde atteint la plage arrière en détruisant toutes les superstructures sur une longueur de trente mètres au-dessus du pont blindé inférieur, elle provoque un incendie qui ne sera éteint que vers 20h00. De grandes quantités d'eau (4.500 t) pénètrent dans le Jean Bart le faisant ainsi s'échouer par l'arrière.

La fin des combats intervient le 10 dans la soirée. Les pertes en personnel à bord du Jean Bart sont les suivantes :

  • Tués : 1 officier, 5 officier-mariniers, 16 quartiers-maîtres et matelots.
  • Blessés : 22.

Cette brillante action du Jean Bart lui vaut une citation à l'ordre de l'Armée de Mer (ordre 12 F.M.A./CAB du 7.1.1943) avec le motif suivant :

« Sous le commandement du Capitaine de Vaisseau Barthes (E.G.M.) a été le pivot de la défense de Casablanca au cours des combats des 8, 9 et 10 novembre 1942. Pour la vivacité de sa réaction et la précision de son tir, a arrêté le 10 un violent bombardement engagé par d'importantes forces navales ennemies coulant et frappé par 6 obus de 406 et de nombreuses bombes, est resté prêt à tirer jusqu'à la cessation du feu ».

Le 18 novembre, le CV Barthes est promu contre-amiral sur demande de ces anciens adversaires américains.

1943-1944

Les machines latérales et la barre à bras du Jean Bart sont remises en état de fonctionner le 15 février. C'est aussi vers cette époque que l'Etat-Major Général de la Marine envisage de faire achever le cuirassé aux Etat-Unis. L'Amiral Fénard, à la tête de la mission navale française a pour tâche de convaincre les Américains du bien-fondé de la position française. le 15 avril 1943, l'Amiral Fénard informe l'Amiral Horne de l'état du Jean Bart.

Le 1er mai 1943 : La Navy indique qu'elle est incapable d'achever le navire suivant les plans primitifs. On recherche donc un compromis sur un plan plus simple. Le 6 mai 1943 : Les Américains acceptent de réparer les moteurs de barre pour permettre au cuirassé de rejoindre les Etats-Unis.

le 5 août 1943 : Le départ du Jean Bart pour les U.S.A. est fixé au mois de septembre. Le 18 août 1943, l'Amiral Horne informe le représentant français du refus d'achever le bâtiment. A la suite de cette décision, l'Amiral Fénard effectue une dernière démarche auprès de l'Amiral King auquel il propose l'achèvement du Jean Bart en porte-avions. Les Américains acceptent l'étude mais renoncent au projet le 3 octobre 1943.

le 8 décembre 1943 : l'Etat-Major Général de la Marine intervient officiellement auprès de l'Amiral King qui, après étude en comité, rejette le 2 mars 1944 la demande française. La décision est confiée le 23 mars par le Combine Chiefs of Staff.

Parallèlement à ces négociations, la Marine Nationale fait tout ce qu'elle peut pour remettre le Jean Bart en état de naviguer. Le 15 septembre à 17h, le cuirassé appareille pour effectuer un essai de bon fonctionnement au large de Casablanca. Son escorte se compose des torpilleurs Le Basque, Le Fortuné et de trois destroyers américains. Le Jean Bart atteint la vitesse de 22,5 noeuds pour 160 tours, malgré une carène sale et déformée. La journée d'essais est jugée satisfaisante, elle a montré que les machines, les arbres et la barre sont en état de bon fonctionnement pour une longue traversée.

Les autorités maritimes françaises envisagent à plusieurs reprises le passage au bassin du Jean Bart à Gibraltar. Mais, compte-tenu du plan de charge important de la base britannique, aucune suite favorable n'est donnée aux demandes françaises. A partir de la fin de 1943, le cuirassé sert de centre aux Ecoles d'Equipages.

1945

La décision d'achèvement du Jean Bart est prise le 12 février. Avant son départ pour la France, le cuirassé prend la mer le 10 août pour une courte sortie d'essais. Le 25 août à 15h, le cuirassé appareille de Casablanca, escorté par le contre-torpilleur Tigre, à destination de Cherbourg. La traversée s'effectue par beau temps à 14 noeuds. A son arrivée le 29 à 7h, le Jean Bart est amarré à la jetée du Homet en attendant le déblaiement du bassin qui doit le recevoir.

Du 12 novembre au 20 décembre, le bâtiment séjourne au bassin où les ingénieurs peuvent se rendre compte de l'étendue des avaries, qui ne sont pas aussi importantes qu'on le croyait. De nouveau amarré à la jetée, le Jean Bart attend que le bassin n°8 de Laninon à Brest soit en mesure de le recevoir pour lui servir de quai de réparations.

1946

Sous l'escorte du Basque, le cuirassé appareille de Cherbourg le 11 février et gagne Brest le jour même. Le 11 mars, il entre au bassin n°8 afin d'entreprendre les travaux de réparation de la coque et de mise en place de nouvelles superstructures, plus spacieuses et répondant mieux aux nouvelles normes techniques.

1947

Le 26 novembre, le Jean Bart quitte son bassin et s'amarre à la partie de cinquante mètres du nouveau quai d'armement en reconstruction. Les travaux de coque, de superstructures et d'embarquement des matériels et tubes d'artillerie se poursuivent.

1948

Du 20 mars au 9 octobre. le cuirassé se trouve au bassin n°9 où sont entrepris :

  • l'adjonction d'un bulge extérieur ;
  • la réparation des lignes d'arbres ;
  • l'achèvement des artilleries principales et secondaires.

A l'issue de ces travaux, le Jean Bart regagne le quai d'armement qui est maintenant reconstruit sur deux cents mètres. Le cuirassé effectue un essai préliminaire le 4 décembre en rade de Brest, puis il mouille dans l'anse du Fret. Le lendemain, il retourne au quai d'armement où se poursuivent les travaux et mises au point.

1949

le Jean Bart appareille le 8 janvier vers Belle Ile et Groix pour tester le comportement de ses machines à vitesse moyenne. Il regagne Brest le 11 janvier après avoir parcouru 1 100 milles sans incidents importants. Le cuirassé quitte Brest le 15 janvier, et, effectue les tirs d'épreuve de ses artilleries principale et secondaire dans les parages de l'île de Groix. Le lendemain ont lieu ses essais à toute puissance sur la base des Glénans.

Les essais de giration d'artillerie, de consommation alternent à un rythme soutenu lorsqu'une avarie se déclare dans la rue de chauffe n°1 le Jean Bart est contraint de rallier Brest le 18 janvier pour être réparé. Du 6 au 9 février, le cuirassé est à la mer pour essais après réparations: à la fin de cette sortie, il est amarré au quai d'armement où se poursuit l'achèvement de ses superstructures.


Le bâtiment de ligne Jean Bart à Bizerte (25 mai 1950).
Un groupe des bâtiments de ligne est créé, il comprend le Jean Bart et le Richelieu. Le contre-amiral Branellec, nommé à ce commandement, hisse sa marque sur le Jean Bart le Richelieu.

Le 1er juin, le cuirassé appareille pour Groix et continue ses essais d'artillerie. Il est de retour à Brest le surlendemain et accoste au quai d'armement.

1950

Les essais du cuirassé se poursuivent du 27 avril au 17 mai au large de l'île de Groix et de Roscanvel. Le 15 avril, le Jean Bart change d'autorité. Il passe de celle du Préfet maritime de la Deuxième Région, sous celle du vice-amiraI Lambert, commandant l'Escadre basée à Toulon. L'Etat-Major Général de la Marine désire donner au Jean Bart , l'occasion d'évoluer au sein d'une importante formation navale. En conséquence, le groupe des bâtiments de lignes est dissout et le contre-amiral Branellec rentre sa marque le 16 avril.

Le cuirassé appareille de Brest le 20 mai et se dirige vers Bizerte qu'il atteint le 25 en cours de route il ravitaille le torpilleur Le Lorrain, au large des côtes algériennes.


Le Jean Bart à son arrivée à Casablanca (juin 1950)
Le 29 mai. le Jean Bart et l'Escadre reprennent la mer et exécutent de nombreux exercices entrecoupés d'escales à la Goulette : Bône du 1er au 2 juin, Philippeville, Bougie, Alger du 3 au 7, Mers-el Kebir du 8 au 12, Nemours le 13. Le cuirassé arrive à Casablanca le 15 juin. Le vice-amiral Lambert, commandant l'Escadre, met sa marque sur le Jean Bart le 23 juin.

Avec l'escadre. il appareille le 26 juin et rejoint Brest le 30. Le 3 juillet le vice-amiral Lambert rentre sa marque sur le cuirassé et regagne le Montcalm. A part deux sorties, les 10 et 11 juillet au large de Brest, le Jean Bart ne quitte pas le port au cours du deuxième semestre.

1951

Le Jean Bart est conduit en grande rade le 9 mai d'où il appareille le lendemain pour les parages de l'île de Groix, où il reprend son entraînement. A l'issue de cette sortie, il rentre à Brest le 15.

Par deux fois, les 17 et 18 mai. le cuirassé est à la mer, au large des côtes sud de la Bretagne afin de continuer ses essais.

Devant être immunisé contre les mines magnétiques, le Jean Bart quitte Brest le 23 mai à destination du Havre, où il arrive le lendemain. Dès son arrivée, il entre dans le bassin Théophîle Ducrocq où sont entrepris les travaux. Le 9 juin, le cuirassé sort du bassin et appareille le lendemain matin pour Brest qu'il atteint dans la soirée.


Le bâtiment de ligne Jean Bart à l'arsenal de Toulon, avec à sa gauche les croiseurs Suffren et Montcalm.
Du 20 au 27 juin, le Jean Bart reprend ses sorties vers Groix pour entraînement et essais de consommation.

Le 9 juillet le cuirassé rejoint le quai d'armement.

1952

Aucune sortie pendant cette année, le Jean Bart est toujours en travaux

1953

Du 13 mai au 2 juin, le Jean Bart sort presque tous les jours pour mouiller alternativement à Roscanvel et Morgat où il procède à la mise au point de ses nouvelles installations.

Le 3 juin, il appareille de Morgat et gagne le Havre le lendemain. Le cuirassé connaît un grand succès de curiosité puisque près de dix mille visiteurs montent à bord. Il quitte le Havre le 8 juin à destination de Brest, où il arrive le lendemain.

A partir du 16 juin, le cuirassé entreprend les tirs d'essais et de résistance des canons de 100, entre le mouillage de Morgat et la zone de tir de Groix. Au cours de cette période qui s'achève le 13 juillet, le Jean Bart teste avec succès les deux affûts de 57 situés de part et d'autre de la tourelle II de 380. (Le souffle des grosses pièces étant sensé provoquer des dégâts à ces nouvelles installations).

1954

Alors que la presque totalité de ses équipements est à peu près installée, le Jean Bart appareille de Brest le 4 octobre pour mouiller devant Morgat et faire de nombreux tirs de 100 et de 57. Ces essais durent jusqu'au 29 octobre, tout en étant entrecoupés de fréquents retours à Brest. Le 6 novembre, le Jean Bart regagne le quai d'armement.

1955


Le Jean Bart au Havre attend le président René Coty pour le conduire au Danemark en visite officielle (mai 1955- Photo Yves Chauvel).
Le cuirassé sort du bassin n°9 de Laninon le 15 avril après avoir été caréné. Le 19, il appareille pour de nouveaux exercices devant Morgat, puis retourne le lendemain à Brest et s'amarre à son coffre.

Le 1er mai, l'admission au service actif du Jean Bart est prononcée.

En vue de conduire le Président de la République René Coty et sa suite au Danemark où ils se rendent en visite officielle, le cuirassé quitte Brest le 10 mai. En cours de route, il est rallié, au large des Casquets le 11 à 8 heures par l'Escorteur d'Escadre Surcouf. Après diverses manoeuvres en Manche, les deux bâtiments entrent au Havre le lendemain et s'amarent au quai du bassin Théophile Ducrocq.

Le 13 mai, le Président embarque à bord du cuirassé qui prend la mer aussitôt vers sa destination. Le Jean Bart jette l'ancre le 15 mai à trois milles de Copenhague et laisse au Surcouf le soin de débarquer le couple présidentiel. Le lendemain le cuirassé reçoit la visite des souverains danois. Il quitte Copenhague le 19 mai et mouille devant Oslo le lendemain. Le 25, le Jean Bart prend le chemin du retour et regagne Brest deux jours plus tard.

Le cuirassé se prépare à une mission de représentation aux Etats-Unis, pour la commémoration du 175ème anniversaire du débarquement des troupes de Rochambeau à Newport. Le Contre-Amiral Champion, sous-chef d'Etat-Major de la Défense Nationale, le Marquis de Rochambeau, descendant du Général, embarquent sur le Jean Bart le 1er juillet, jour de l'appareillage vers Newport. Après sept jours de mer qui sont mis à profit pour parfaire l'entraînement, le cuirassé s'amarre à Hampton Roads le 8 juillet.

Pendant ce séjour, les marins français participent à de nombreuses cérémonies. Le 12 juillet, le Jean Bart quitte Newport et se dirige vers New-York où il s'amarre le 13 à l'aube. Pendant les sept jours que le cuirassé passe dans la grande ville américaine, l'état-major et l'équipage du bâtiment sont l'objet de la très grande sollicitude des autorités et de la population new-yorkaises. Le 19 juillet, le cuirassé se détache du Pier 88 et met le cap sur Brest où il arrive le 26.

Du 1er août au 30 septembre, le Jean Bart effectue de nombreuses sorties devant Morgat.

Le 1er octobre, le cuirassé quitte définitivement les eaux bretonnes pour Toulon, via Oran (du 4 au 14 octobre), Arzew (15 octobre) et s'embosse à l'angle Robert le 17 octobre. A partir de ce jour, il fait partie du Groupe Ecole Sud (G.E.S.).

Le contre-amiral Cirier, Commandant du G.E.S., transfère sa marque du Richelieu sur le Jean Bart le 21 octobre.

Du 25 au 28 octobre, puis du 16 au 21 novembre, le bâtiment participe à des tirs anti-aériens sur engins « Toréador » lancés à partir de l'île du Levant et, sur planeurs largués par des Lancaster de l'aéronavale. Au cours de ces sorties, le Jean Bart fait escale à Saint Raphaël, du 16 au 17 novembre, et Cannes du 18 au 21 novembre.

Il quitte Toulon du 13 au 16 décembre pour des exercices en rade des Salins d'Hyères, puis regagne son poste d'embossage à Toulon.

1956

Le Jean Bart quitte Toulon pour mouiller à plusieurs reprises en rade des Salins du 24 au 27 janvier. Il participe avec l'Escadre, du 10 au 18 février, à l'exercice « Ajax II » tout en mouillant chaque soir à Cannes ou à Villefranche.

Le 25 février, le cuirassé quitte l'Angle Robert et entre dans un des grands bassins Vauban pour petit carénage et réparation d'une avarie de machines. A l'issue de ces travaux, il regagne, le 7 avril, son poste d'amarage.

Les sorties reprennent au rythme suivant :

  • du 26 au 30 avril, avec escale à Ajaccio du 28 au 29 ;
  • du 24 au 30 mai, avec deux escales à Saint Raphaël du 25 au 28 et le 29 mai.

Le 4 juin, le Jean Bart prend la mer pour se porter au devant du croiseur grec Helli escorté par le destroyer Doxa. Ils conduisent à Toulon les souverains grecs qui viennent en visite officielle en France. La rencontre entre les navires se fait au large du Cap Camarat. Après avoir salué la marque royale, le cuirassé rentre à Toulon le jour même. Dans la journée du 9, il reprend la mer pour le départ de la famille royale grecque.

Le 21 juin, le Jean Bart appareille de Toulon, mouille aux Salins, puis lève l'ancre le lendemain à destination des côtes d'Algérie où il va se livrer à un grand nombre d'exercices. Au cours de cette sortie, il fait les escales suivantes : Bône du 23 au 25 juin, Philippeville du 25 au 26, Bougie du 27 au 28. En reprenant la mer en direction d'Alger, il exécute des tirs de 152 contre la terre. Du 29 juin au 2 juillet, du 4 au 5 juillet, le cuirassé séjourne respectivement à Alger et Arzew. Le Jean Bart s'amarre le 7 juillet à Toulon.

Comme la situation se dégrade entre la France et l'Egypte, l'Etat-Major Général de la Marine décide de retirer le Jean Bart du Groupe des Ecoles, et de le réarmer partiellement à compter du 8 juillet. Malgré un effectif qui passe de 757 hommes à 1 280 hommes, le cuirassé ne peut mettre en oeuvre tout son armement qui se trouve réduit à : la tourelle II de 380, la tourelle axiale de 152, deux groupements de 100 et trois de 57.

Le Contre-Amiral Cirier, commandant du G.E.S., rentre sa marque le 13 juillet.

Du 22 au 27 août, le cuirassé s'entraîne en rade des Salins. Le 7 septembre, il appareille de Toulon pour des liaisons rapides entre la France et l'Amérique du Nord. A Mers el Kebir le 9 -Arzew où il effectue des tirs contre la terre en compagnie du Georges Leygues-Alger du 10 au 12 et retour à Toulon le 13 septembre.

Du 27 au 29 septembre, il s'entraîne en rade des Salins.

Du 16 au 19 octobre, il effectue de nombreux tirs contre avions.

Dans le cadre de l'opération "Mousquetaire", le Jean Bart quitte Toulon le 24 octobre à destination d'Alger, où il arrive le 26 après s'être livré à de nombreux exercices en mer. Du 29 au 31 octobre, le commando Hubert et les soldats du 1er Régiment Etranger de Parachutistes embarquent à bord. Le cuirassé rejoint la Force Navale d'Intervention créée pour la circonstance (porte-avions Arromanches, la Fayette, croiseur Georges Leygues, escorteurs d'escadre Surcouf, Kersaint, Cassard, Bouvet et le groupe d'action anti sous-marine). La mission de cette flotte est d'appuyer un débarquement dans la zone du canal de Suez que Nasser vient de nationaliser. Par cette importante opération, les Français et les Britanniques espèrent reprendre le contrôle de l'importante voie de passage.

Le Jean Bart quitte Alger le 1er novembre à trois heures du matin, et gagne Limassol dans l'ile de Chypre à l'aube du 4. (la traversée a été effectuée à 25 noeuds). Les troupes qu'il a à son bord sont transférées sur les navires de la force amphibie. Le lendemain, il part mouiller devant Port-Saïd et soutenir le débarquement des troupes, à cette occasion il tire quatre coups de 380 contre la terre. Le 7 novembre il appareille de Port-Saïd puis rentre à Toulon le 13 après une escale à Limassol du 7 au 9 Novembre. Au cours de cette dernière escale, son commandant, le C.V. Digard, descendu à terre, saute sur une mine. L'état de ses blessures est tel qu'il est obligé de passer le commandement à son second, le C.F. Dupuis.

Le 13 novembre le Jean Bart est indisponible pour réparations de ses chaudières.

Il repasse au G.E.S. le 1er décembre.

1957

Ayant terminé ses réparations, le cuirassé redevient disponible le 21janvier.

Le Contre-Amiral Galleret, commandant du G.E.S., hisse sa marque sur le Jean Bart le 25 janvier.

Le bâtiment reprend ses activités entre Toulon, les Salins et Villefranche :

  • du 24 au 28 janvier ;
  • du 14 au 17 février, avec une escale du 15 au 16 ;
  • du 28 février au 6 mars.

Aidé par les remorqueurs Palétuvier et Actif, le Jean Bart entre au bassin Vauban sud-ouest de l'arsenal de Toulon (1962-65).
Il entre au carénage dans le bassin Vauban sud du 29 mars au 2 mai.

Du 16 au 17 mai, le Jean Bart est en essais aux Salins.

Poursuivant son rôle de navire école de canonnage, il effectue les sorties suivantes sur les côtes de Provence et de Corse :

  • du 21 au 27 mai ;
  • du 12 au 18 juin, avec une escale à Calvi du 16 au 17 ;
  • du 29 juin au 1er juillet.

Du 11 au 19 juillet, le cuirassé appareille pour sa dernière sortie, au cours de celle-ci, toutes ses armes sont essayées. Ce sera la dernière fois que des canons de marine français tireront des obus de 380. Il relâche à La Ciotat, du 11 au 13 juillet, Marseille, du 13 au 15, Port Vendres, du 16 au 17, et rentre définitivement à Toulon le 19 Juillet pour s'amarrer à l'Angle Robert. Il est indisponible au personnel le lendemain.


Le bâtiment de ligne Jean Bart en cours de désarmement (1970 - collection Franck Lecalvé)

Le Jean Bart est placé en « réserve spéciale A », le 1er août 1957.

Cette décision est dictée par des mesures d'économies et un besoin en personnel pour armer les nouveaux bâtiments du Programme Naval.

Le rôle du cuirassé va se réduire désormais à celui d'un caserne flottante.

1958 à 1970

En « réserve spéciale B » le 1er janvier 1961, le bâtiment est désarmé le 14 janvier 1970. Il est condamné le 10 février sous le numéro Q466.

Vendu à Paris le 21 mai 1970 à la Société des Chantiers Naval Varois les Abeilles. Il est enlevé par cette société le 24 juin 1970 pour être démoli à Brégaillon.

 

Sources : Le cuirassé Jean Bart, Robert Dumas, Editions Marines ; Robert Dumas & Jean Guiglini, Les cuirassés de 23 500t, éditions Lela Presse, 2005.


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