Le saviez vous, il n'y a pas que des navires de guerre qui furent baptisés Duguay-Trouin, mais également un char Sherman français de la prestigieuse Armée d'Afrique qui participa à la libération de Dijon pendant la seconde guerre mondiale (photo François Lombard).

6 septembre 1944 : Les cinq chars du premier peloton s'engagent sur la route de Tailly, le char Duguay-Trouin est en tête, les chars des autres pelotons sont à distance, plus en arrière . Le Duguay-Trouin est touché par deux obus d'une pièce antichar allemande située à 1200 mètres environ, à l'est de Meursault . Les trois occupants de la tourelle seront tués : sous lieutenant Antoine Cattanéo, brigadier-chef Alexis Petitbon (tireur), René Delaporte (chargeur). Le brigadier-chef André Vidal (pilote) et le copilote, Antoine Tortosa sont indemnes . Les quatre autres chars du peloton bombardèrent la pièce ennemie dont les servants s'enfuirent.


Dijon, le 9 octobre 2004

Allocution de M. Hamlaoui Mekachera, Ministre délégué aux Anciens combattants lors du dévoilement de la plaque commémorative « Char Duguay-Trouin »

Monsieur le Préfet, Madame et Messieurs les Députés, Monsieur le Sénateur, président du conseil général, Mesdames et Messieurs les élus, Messieurs les officiers généraux, Mesdames et Messieurs les présidents d'associations, Mesdames et Messieurs,

Je me réjouis d’être avec vous, aujourd’hui, pour l'inauguration d’une plaque en mémoire du glorieux équipage du « Char Duguay-Trouin ». Cette plaque porte un double témoignage : celui de la libération de Dijon, et celui de la participation de la prestigieuse Armée d'Afrique à cette page inoubliable de votre histoire.
60 ans après, nous attestons, par cette cérémonie, de notre fidélité à ceux qui se sont héroïquement battus et à leurs idéaux.
C’est en septembre 1944 que les forces de la liberté mirent fin à l’occupation de votre ville. Aujourd’hui, nous nous souvenons que la libération de Dijon fut l’œuvre commune de la Résistance et de l’armée française.
Au nom du Gouvernement, je salue tous ceux qui participèrent à ces combats décisifs. Avec reconnaissance et émotion, je rends hommage à ceux qui tombèrent au champ d'honneur. Nous ne les oublierons jamais.
En ce jour, nos pensées vont plus particulièrement vers les héros du char « Duguay-Trouin ». Oui, le sous-lieutenant Cattaneo, le brigadier-chef Petitbon et le cuirassier Delaporte, ont bien mérité de la Patrie. Je m’incline avec respect devant leur mémoire.
Jeunes, courageux, généreux, ils étaient conscients que leur engagement et leur sacrifice permettraient aux futures générations de vivre libres. Avec leurs frères d’armes du 2ème régiment de cuirassiers, ils symbolisent le courage et la valeur militaire de l’Armée d’Afrique, à laquelle appartenait leur unité.
Sur tous les continents, au cours des siècles, l’Armée d’Afrique n’a cessé de se couvrir de gloire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, en Afrique du Nord, en Italie, pendant le débarquement de Provence, puis dans la libération du territoire et de l’Europe, ces combattants sont entrés dans la légende militaire de la France.
Européens, Africains, Maghrébins, Tirailleurs, Spahis, Zouaves, Goumiers et Tabors, Chasseurs, Cuirassiers… ensemble, sous le même drapeau, ils ont unis leurs forces pour servir les plus belles des causes : celle de la Liberté et celle de la France.
Leur ardeur au combat, leur fidélité à la Patrie, qui les conduisirent des rives de la Méditerranée jusqu’en Allemagne, après avoir libéré l’axe rhodanien, méritent notre admiration et notre gratitude indéfectibles.
Ces cérémonies du 60ème anniversaire nous permettent de rendre un juste hommage à ces libérateurs trop longtemps méconnus. Je salue l’initiative de l’association « Mémoire de la France Outre-mer » et les élus qui l’ont soutenue. Elle contribue à assurer la pérennité, dans la mémoire collective, de cette épopée.
En ces premiers jours de septembre 1944, quand tombe l’équipage du char Dugay-Trouin, ce sont quatre sombres années, commencées le 17 juin 1940 avec l'entrée des Allemands dans la ville, qui vont prendre fin.
Ces commémorations, qui rappellent les grandes heures de la liberté retrouvée, sont aussi l’occasion de se remémorer la réalité de l’Occupation.
Un des premiers fusillés pour acte de résistance, en France, est un ouvrier agricole de Dijon, qui sera exécuté le 31 août 1941. Au cours de l'Occupation, 962 patriotes seront déportés, plus de 400 Résistants iront jusqu’au sacrifice suprême.
Car, très tôt, ici, la Résistance s’est organisée. Dès le printemps 1943, les maquis vont naître. C'est dans votre région qu'est constitué le premier Comité de Libération de France, le 12 novembre 1943.
Nous savons tous que, pendant ces années si difficiles, le chanoine Kir fut une figure emblématique du refus et du patriotisme. Le 23 octobre 1944, dans votre cité en liesse, le Général de Gaulle aura ces mots : « Dijon n'a jamais failli ! ».
Les combats pour la libération s’étaient engagés le 10 septembre 1944. Tandis que la 1ère Armée progressait, les maquisards de la Côte d'Or livraient des escarmouches aux abords de la ville.
Le 11 septembre 1944, à l'aube, aux ordres du général Touzet du Vigier les avants-gardes du 3ème Chasseurs d'Afrique entrent dans la ville.
Parmi ces hommes, le sous-lieutenant Caniot, qui nous a quitté il y a quelques jours. Je veux saluer sa mémoire.
Le lendemain, 12 septembre, à quelques kilomètres, a lieu la jonction entre la 2ème DB et la 1ère division française libre. Comme vous le savez, le ministre de la défense a présidé la cérémonie nationale du 60ème anniversaire de cet événement historique.
Mesdames et Messieurs, si nous faisons, aujourd'hui, œuvre de mémoire, c'est aussi pour transmettre aux nouvelles générations les enseignements à tirer de ce passé.
C'est pour les convaincre que, seules, les valeurs de courage, de ténacité et de dignité pourront leur assurer une vie d'hommes libres et, à ce titre, heureux.
C’est pour leur proposer, chez leurs aînés, des exemples à suivre. Les Résistants, les combattants de la 1ère Armée, ceux de l’Armée d’Afrique, sont de beaux modèles pour des jeunes en quête de repères et de références.
Ainsi, nous n'aurons pas failli à notre mission de « passeurs de mémoire ».
Je vous remercie.


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