Historique du sous-marin Espadon


En achèvement au bassin à Cherbourg (15/10/1959 - DCAN)
1954-59 : Construction et essais

Le 29 mars 1954, la DCAN (Direction des Constructions et Armes Navales) lance un appel d'offre pour la construction par des entreprises privés des deux derniers sous-marins de la série des Narval.

Le premier, l'Espadon, sera construit par les chantiers Augustin Normand du Havre, quand au dernier de la série, le Morse, ce sont les Ateliers et chantiers de la Seine maritime (ACSM) qui le mettront en chantier.

La construction des premiers éléments commence en décembre 1955. L'Espadon est mis sur cale en mars 1957. C'est le numéro Q237, c'est à dire le 237e sous-marin construit en France. Fin 1957, un incendie à bord sera rapidement maîtrisé.

Le 15 septembre 1958, l'Espadon est lancé au Havre. Armé pour essais à partir d'avril 1959, il effectue sa première plongée le 19 juin 1959.
Il est admis au service actif le 2 avril 1960, et se voit attribuer le n° de kiosque S637. L'année 1960 verra aussi le sous-marin faire quelques croisières à Brest, Bayonne et en Grande-Bretagne.

Le 15 juin, l'Espadon appareille de Toulon pour une croisière d'endurance en Méditerranée. Il fait escale à Mers el-Kébir, puis après des séjours dans des ports étrangers de Méditerranée orientale, et une plongée de longue durée, il revient à Toulon le 30 juillet 1960.


Des dégats importants suite à la collision avec le Laubie (09/1961).
1961 : Deux accidents successifs

En 1961, une mésaventure est arrivé à l'Espadon qui aurait pu lui être fatale. Il sert alors de cible pour l'entraînement au tir de torpilles à têtes chercheuses. Elles sont tirées par un autre bâtiment selon un angle légèrement erroné afin de mettre en évidence leur flair électronique qui les ferait se rapprocher peu à peu du sous-marin. Naturellement, elles ne comportent pas de charge explosive. De plus, un dispositif électronique les fait dévier au dernier moment, pour ne pas que la torpille vienne toucher la cible. Mais, ce jour là, le petit dispositif de sécurité fit faux bond ! L'Espadon prend alors deux torpilles dans ses hélices. Par chance, le sous-marin n'est pas trop gravement avarié, mais il faut cependant le remorquer jusqu'à Toulon.

Du 8 au 16 septembre 1961, il passe au bassin à Toulon.

Le 22 septembre 1961, alors qu'il est en plongée à 40 mètres et à faible vitesse, il entre en collision avec le sous-marin Laubie. Les dégats sont importants : dôme sonar arraché, partie avant du massif écrasé et périscope tordu. Par chance, il n'y a cependant aucun blessé. Le sous-marin rallie Toulon le lendemain pour réparation. Il ne peut reprendre la mer que le 20 novembre, direction Lorient où il arrive le 27 novembre.

De novembre 1961 à novembre 1982, l'Espadon est basé à Lorient-Kéroman.


Le sous-marin Espadon à la mer (13 juin 1963).
1963 : Un mort en service commandé.

Le 13 août 1963, alors que le sous-marin est à quai à Lorient, un incendie se déclare dans le compartiment lance-torpille. L'attaque du sinistre est rendu difficile par d'abondantes émanations toxiques. Quatre hommes sont hospitalisés, l'un d'entre eux le second-maître mécanicien Le Fur, plus grièvement atteint décédera des suites de ses blessures.

1964 : Croisière polaire en mer de Norvège

Du 28 avril au 16 mai 1964, une croisière polaire en mer de Norvège conduit l'Espadon et le Marsouin à monter jusqu'au parralèle 70°N.


Appareillage pour la mission Norvège (29/04/1964 - Photo R. Barthelet).

Ce sont les premiers sous-marins français à naviguer sous la banquise, vérifiant que l'approche et la plongée ne présentent pas de difficultés particulières.

Ces plongée permettront de préparer l'opération « Sauna » l'année suivante, pendant laquelle le Dauphin et le Narval resteront une dizaine de jours au 72°N en naviguant ponctuellement sous la banquise.

1966-68 : Refonte à Kéroman

Du 16 janvier 1966 à avril 1968, l'Espadon est en refonte à la base de Lorient-Kéroman. Les diesels Schneider sont débarqués et remplacés par trois diesel SEMT Pielstick 12PA4 185 pour la propulsion diesel-électrique en surface. Les tubes lance-torpilles arrière sont supprimés. Un nouveau kiosque est mis en place, ainsi que de nouveaux sonars. Les ailerons et barres sont modifiés. L'équipement électronique de détection est rénové.

En février 1971, il participe à l'exercice OTAN Sunny Seas, et relâche à Lisbonne.

Du 1er janvier au 1er novembre 1972, il est en grand carénage à Lorient.


Dernière sortie avec ses anciens commandants (10/09/1985 - MN).
Du 12 au 16 septembre 1977, il fait escale au Havre.

Le 9 juin 1978, il est de retour à Lorient après deux mois de mission en Méditerranée

A partir de la mi-janvier 1979, il effectue une mission en Afrique occidentale (avec le Ouessant et le Rhône ?). Il rentre à Lorient le 8 mai 1979.

Début 1983, une autre mission, cette fois aux Antilles, comprend trois semaines d'entretien à Fort-de-France avec le soutien du BSL Garonne.

1985-87 : La fin et la renaissance

Le 10 septembre 1985, une dernière sortie avec 15 de ses 16 anciens commandants, précède d'une journée le début de désarmement. Retiré du service actif le 11 septembre 1985, l'Espadon aura parcouru tout au long de sa carrière 360 500 nautiques, dont 34 000 heures en plongée.


Dans la forme-écluse, en face à la base sous-marine de Saint Nazaire.
Condamné le 13 décembre 1985, sous le numéro Q640, il est acheté 1 franc symbolique par la ville de Saint-Nazaire qui souhaite le transformer en musée.

Le 22 août 1986, l'Espadon est remorqué de Lorient à Montoire de Bretagne par le Robuste et le Santal. Le remorquage ne se fera pas sans difficulté, et il y aura 2 ruptures de remorque. Poursuivant son chemin l'attelage et son sous-marin quitte le lendemain Montoire pour Saint Nazaire, où les trois bâtiments arrivent dans la soirée.

L'Espadon est mis en place, le 11 mai 1987, dans la forme-écluse, à flot en face à la base sous-marine de Saint-Nazaire. Le 26 juin 1987, et pour la première fois en France, un sous-marin est ouvert à la visite au public. Sur son kiosque est inscrit en rouge « EX ESPADON ».

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