Mis sur cale à Villeneuve-La-Garenne le 12 juin 1957, l'EDIC tête de série est lancé le 7 janvier 1958. Après une période d'armement et d'essais à Cherbourg, il est admis au service actif le 5 décembre 1958 sous le nom d'EDIC 9091 et affecté à la direction du port de Brest. Remplacé dans le port du Ponant par l'Issole en provenance de la Méditerranée, l'EDIC a été basé successivement à Toulon du 13 juillet 1959 au 6 mars 1961, Dakar du 6 mars 1961 au 14 août 1964, Papeete du 14 août 1964 au 13 octobre 1970, Lorient du 13 octobre 1970 au 1er mars 1974, Papeete du 1er mars 1974 au 9 décembre 1975, Lorient du 9 décembre 1975 au 23 août 1981, et Djibouti du 23 août 1981 jusqu'au désarmement. Familièrement appelé le "91", il alterne tout au long de sa carrière opérations amphibies, transports et concours les plus divers, reconnaissances de sites, missions de service public… Limité par l'autonomie et les conditions de mer, les mutations correspondant à des changements de continent s'effectuent enradié dans les TCD (Transports de Chalands de Débarquement) Foudre, Orage ou Ouragan. De même, lors de son affectation à Djibouti, un TCD est nécessaire pour entretenir la coque lors des indispensables périodes de carénage. C'est ainsi que du 11 au 22 septembre 1986, a lieu dans le radier de l'Orage une opération spectaculaire : le renforcement des œuvres vives par doublage de la partie arrière de la coque ! Réalisé avec le concours des techniciens du Jules Verne, 25 m² de tôle, 3000 baguettes de soudure, 1500 heures de travail et… des centaines de litres d'eau pour les soudeurs sont nécessaires. Ce carénage permet d'attendre la relève programmée à l'été 1988. C'est en effet le 6 juin 1988 qu'arrive à Djibouti, enradié dans l'Ouragan, l'EDIC 9052 futur Dague. Les opérations de désarmement du vénérable 9091 usé par 30 ans de services peuvent alors commencer. Elles s'achèvent le 1er juillet 1988, jour de la dernière cérémonie des couleurs et de la mise en réserve spéciale. Condamné le 29 novembre 1988 et débaptisé (N° de condamnation : Q664), l'ex EDIC attend pour servir de cible de tir. Le 31 mai 1989, après avoir reçu dans le bloc passerelle un missile MM38 Exocet tiré par le Protet, il subit les feux successifs des canons du Commandant Bory, du Doudart De Lagrée et des Mirage F1 du Détachement Air 188. Quelques instants plus tard, le vénérable serviteur sombre dans les profondeurs de l'Océan Indien.
Texte Franck Dubey pour Net-Marine © 2008. Copie et usage : cf. droits d'utilisation
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