La construction des deux dernières unités est confiée à la DCAN (Direction des Constructions et Armes Navales). L'exemplaire n°6 de série est mis sur cale en 1958 à l'arsenal secondaire du Mourillon à Toulon et lancé le 11 octobre 1958. C'est sur ce même site que sont mis en chantier des chalands automoteurs, remorqueurs de 250CV, l'Issole, Morgane et … pour Alain Colas le voilier de course Club Méditerranée, futur Phocéa de Bernard Tapie ! Après une période d'armement et d'essais dans le grand port du Levant, le navire de débarquement est admis au service actif le 27 avril 1959. Dénommé familièrement le 96, il est affecté à l'unité marine Baie Ponty sur le lac de Bizerte en Tunisie. L'EDIC apporte essentiellement son concours à l'entraînement des troupes françaises restées dans le pays à l'issue de l'indépendance proclamée le 20 mars 1956…ce qui n'est pas du tout du goût du régime tunisien ! Il alterne ainsi opérations amphibies, transports et concours les plus divers, reconnaissances de sites et autres missions de service public. Le 19 juillet 1961, le petit navire amphibie est aux premières loges lorsque se déclenche ce qu'on appellera " l'affaire de Bizerte ". Des affrontements éclatent entre les troupes françaises et tunisiennes qui ne cessent depuis quelques temps d'accentuer leur pression autour des ressortissants français et de leur base stratégique. Après plusieurs jours de combat, un cessez-le-feu est signé le 23 juillet. Suite aux négociations ouvertes le 7 décembre 1961, le désengagement français commence en juin 1962 par la remise à l'état tunisien de l'arsenal de Sidi-Abdallah. Il s'achève définitivement le 15 octobre 1963 par le départ des dernières troupes françaises présentes sur le sol tunisien. Rapatrié en métropole, le navire amphibie est affecté à Lorient au sein de la FAI (Force Amphibie d'Intervention). Il alterne les reconnaissances de plage et les exercices de débarquement principalement avec des éléments de la 9ème DIMA (Division d'Infanterie de MArine) stationnés dans le grand ouest. On le voit également impliqué dans plusieurs déploiements français pour missions de guerre (Olifant et Hippocampe au Liban) ou exercices amphibies majeurs sur le territoire national ou à l'étranger (exercices N'Jambour au Sénégal, Farfadet en Méditerranée et Archipel sur le littoral Atlantique français). Sa carrière active lorientaise est interrompue à partir du 7 novembre 1983. En effet, en attendant la livraison de deux EDIC type 700 commandés à la Société Française de Construction Navale, la marine prête au Liban l'EDIC 9096 rebaptisé pour l'occasion Sour. Stationné à Beyrouth, alors soumis à une terrible guerre fratricide, il reste sous couleurs libanaises jusqu'au 19 avril 1985. Enradié dans l'Orage, le 96 arrive à Lorient le 6 mai 1985 et reprend ses activités antérieures au sein du Centre Amphibie. Remplacé par les CDICS (Chalands de Débarquement d'Infanterie et de Chars) Rapière et Hallebarde arrivés à Lorient en 1988 et 1989, le 96 est mis en complément en août 1988. Mis en réserve spéciale le 15 septembre 1989 jour de la dernière cérémonie des couleurs, il est conservé désarmé en Penfeld sous la responsabilité de la Direction du Port de Brest. Aménagé pour la lutte contre la pollution, il peut-être armé à la demande. Condamné le 17 novembre 1994, débaptisé (N° de condamnation : Q705) et remis à l'administration des domaines, l'ex EDIC reste plusieurs années en attente au cimetière marin de Landévennec. Après plusieurs tentatives de vente infructueuses, Q705 sombre dans les profondeurs de l'Atlantique au début des années 2000 sous les coups de canons des navires de combat. Erreur ou lenteur de l'administration française, la décision de condamnation n'est modifiée que le 8 mars 2004 !
Texte Franck Dubey pour Net-Marine © 2008. Copie et usage : cf. droits d'utilisation
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